Comment garantir la sécurité de vos achats de cryptomonnaies

Au Canada, le point de départ pour acheter des cryptomonnaies en toute sécurité consiste à vérifier si la plateforme est effectivement autorisée à servir des clients canadiens. Les Autorités canadiennes en valeurs mobilières (ACVM, en anglais CSA) publient une liste des plateformes de négociation de cryptoactifs autorisées à faire affaire avec des Canadiens, avec pour chaque entité une décision datée.

Vous y trouvez le statut d’exploitation et le fondement réglementaire applicable. Cela évite de traiter avec des prestataires non conformes et permet aussi de vérifier, sur le même portail, les plateformes interdites dans certaines provinces, un bon thermomètre du risque pour le consommateur. Mais ce n’est qu’un début.

Premiers pas sécurisés pour entrer sur le marché des cryptoactifs

Lors du parcours d’inscription, il est normal de recevoir des demandes de vérification d’identité et des questions sur l’origine des fonds. Le Centre d’analyse des opérations et déclarations financières du Canada (CANAFE, en anglais FINTRAC) oblige les entités déclarantes à transmettre un rapport sur les opérations importantes en monnaie virtuelle lorsqu’elles reçoivent au moins 10 000 $ CA en crypto au cours d’une seule opération.

Il impose aussi la règle des vingt-quatre heures, qui permet d’additionner plusieurs transactions sur la période lorsqu’elle s’applique. Ces lignes directrices expliquent pourquoi certaines vérifications sont exigées dès les premiers achats et renforcent les pratiques de réduction du risque pour l’utilisateur. Une fois le prestataire choisi, organisez la conservation en fonction de l’usage.

Pour de petits montants et un usage fréquent, il est pertinent de conserver une part opérationnelle dans des portefeuilles chauds, des hot wallets crypto, à condition d’activer le 2FA avec application ou clé physique, d’effectuer une transaction test de faible montant avant des achats plus importants et de limiter les permissions sur le téléphone.

Les réserves de moyen et long terme doivent migrer vers des portefeuilles froids (solutions matérielles hors ligne) avec des sauvegardes soigneusement conservées de la phrase secrète. Si vous choisissez de laisser une partie des actifs en conservation chez des tiers, rappelez-vous que les cryptomonnaies ne bénéficient pas de la couverture de la Société d’assurance-dépôts du Canada (SADC, en anglais CDIC).

La Banque du Canada a actualisé en 2025 les constats du Bitcoin Omnibus Survey, indiquant que la détention de bitcoin est restée stable aux alentours de 10 % de la population, avec un usage principalement investi plutôt que transactionnel. Cela permet de calibrer les attentes en matière de risque et de liquidité pour l’investisseur particulier.

Pour l’entrée en monnaie fiduciaire, les Canadiens utilisent couramment la carte de paiement et Interac e-Transfer au sein de plateformes enregistrées. Par précaution, fixez des limites prudentes et confirmez les destinataires à chaque envoi, des recommandations alignées sur le matériel éducatif de l’Agence de la consommation en matière financière du Canada (ACFC, en anglais FCAC).

Checklist avant d’acheter

  • Vérifiez que la plateforme figure parmi celles autorisées à servir des clients canadiens et consultez aussi la page des plateformes interdites sur les sites de l’ACVM (CSA).
  • Comprenez que le CANAFE (FINTRAC) exige des rapports à partir de 10 000 $ CA et l’application de la règle des vingt-quatre heures. Pour cette raison, complétez le KYC sur le site officiel ou dans l’application officielle et n’envoyez jamais de documents par des canaux externes.
  • Pour l’usage quotidien, ne conservez que le nécessaire dans des portefeuilles chauds. Pour les réserves, privilégiez des portefeuilles froids avec sauvegarde sécurisée de la phrase secrète.
  • Si vous optez pour une conservation chez des tiers, sachez que la SADC ne couvre pas les cryptomonnaies. Lisez les politiques de ségrégation des actifs et d’audit de la plateforme.
  • Consultez les mises en garde de l’Autorité des marchés financiers (AMF, Québec) avant tout nouveau prestataire. Méfiez-vous des rendements présentés comme garantis et des demandes de “frais de déblocage”.

Configuration sécurisée, segmentation des fonds et récupération

L’étape qui suit le premier achat consiste à structurer l’environnement crypto de manière à ce que les erreurs humaines et les incidents techniques ne détruisent pas votre solde. Pour le portefeuille chaud destiné au quotidien, il vaut la peine de réserver un appareil avec peu d’applications, sans permissions inutiles, avec une authentification à deux facteurs via application ou clé physique, et avec des alertes de connexion.

Évitez de mêler cet appareil à celui que vous utilisez pour les réseaux sociaux, les jeux et les téléchargements non vérifiés, réduire la surface d’attaque compte plus que n’importe quel truc de sécurité avancé.

Côté portefeuilles froids, traitez la phrase secrète comme vous traiteriez le coffre d’un petit commerce, préférez des copies redondantes, conservées en des lieux distincts et sous des noms neutres qui n’en révèlent pas la nature.

Si vous utilisez des stablecoins pour l’entrée en monnaie fiduciaire ou comme monnaie de stationnement, vous devez suivre les règles locales. Les ACVM détaillent l’architecture des mesures de supervision et d’application qui s’appliquent aux plateformes faisant affaire avec des Canadiens.

Au cours des derniers cycles, les communiqués et avis des ACVM ont précisé des conditions temporaires et des exigences d’engagements préalables pour les plateformes et pour les émetteurs d’actifs cryptographiques référencés à une valeur, ce qui peut affecter les paires disponibles, le fonctionnement des dépôts et des retraits, ainsi que les documents présentés durant le parcours d’inscription.

Selon l’AMF, les plateformes qui permettent la négociation et assurent la conservation pour des clients de la province doivent être inscrites et conserver les actifs des clients auprès d’un dépositaire qualifié. Ce contexte offre de la prévisibilité à ceux qui achètent et conservent des cryptomonnaies de façon régulière, car il limite les mauvaises surprises opérationnelles liées à l’infrastructure de conservation.

Banques et moyens de paiement : preuves, documentation et “miroir” réglementaire

Au quotidien, l’achat de crypto au Canada repose encore majoritairement sur la carte de paiement et Interac e-Transfer, au sein de plateformes autorisées. Cela implique de composer avec des frictions programmées, vérifications supplémentaires en cas de volumes atypiques, confirmations manuelles de titularité et blocages temporaires pour analyses.

Ce comportement des plateformes reflète directement les obligations de connaissance du client et de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, ainsi que la déclaration des opérations importantes en monnaie virtuelle exigées par le CANAFE (FINTRAC).

L’utilisateur averti anticipe ces étapes, conserve ses reçus, organise les justificatifs d’origine des fonds et évite les changements brusques de comportement transactionnel. La relation avec les banques et les coopératives de crédit s’améliore aussi lorsque vous communiquez de manière proactive.

Expliquez que vous utilisez une plateforme répertoriée par les ACVM et, au besoin, présentez la preuve d’inscription publique. Pour des montants plus importants, indiquez à l’avance l’objet du virement, les destinataires et le calendrier de règlement attendu.

Ce niveau de transparence aligne les attentes et évite des frictions inutiles. Même si vous n’êtes pas une entité déclarante, adopter un fonctionnement en miroir de ce que le régulateur exige des institutions aide grandement.